CHEZ LE PLUS IMPORTANT EMPLOYEUR PRIVÉ D’ISLAY


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En direct des champs, avec L-R Mary McGregor (Manager clients privés), Jan Reavey (Président de la Fondation The Botanist), Andrew Fraser (Responsable embouteillages), Louise Conn (Brand Academy Host), Kelsie Lesley (Service Hospitalité), Graham Brown (Magasinier), Joanne Middleton (Administration des fûts etdes stocks), Sarah McHarrie (Guide touristique), Dougie MacIntyre (Magasinier produits secs), Gabi Toma (Directeur du service embouteillages), Douglas Taylor (PDG).

En Écosse, la distillation du whisky est pratiquée dans plusieurs régions, dont Islay. L’île compte neuf distilleries en fonctionnement et prévoit d’en ouvrir d’autres. Quelle place la distillerie Bruichladdich occupe-t-elle dans ce paysage industriel, ainsi que dans le contexte démographique ? Comment s’y déroule le travail ? Nous tentons d’expliquer ce que cela représente d’être le plus important employeur privé de l’île.

C’est par un sourire chaleureux de tous les membres de la distillerie que les visiteurs sont accueillis à Bruichladdich. Bien que l’enthousiasme soit difficile à quantifier, il est immédiatement évident que plus qu’un simple lieu de travail, de production, de fabrication, d’emballage, de vente et d’exportation, Bruichladdich est un endroit où l’on se sent chez soi. C’est un lieu qui bouillonne d’énergie, par-dessus le ronronnement des machines de l’époque victorienne, véritables cœurs battants de la distillerie. 110 personnes travaillent actuellement pour l’entreprise. Nous sommes plus de 70 % à vivre sur l’île. Nos autres collègues travaillent à nos bureaux de Glasgow, sans compter nos cinq employés saisonniers et plusieurs collaborateurs en free-lance. Cela fait de nous le plus grand employeur privé de l’île.

En 2020, Bruichladdich est devenue l’une des seules distilleries au monde à satisfaire aux normes rigoureuses de performance sociale et environnementale, de responsabilité et de transparence, requises pour obtenir la certification B Corp. Cela signifie que nous ne sommes pas seulement engagés moralement, mais aussi légalement, à tenir compte de l’impact de nos décisions sur nos employés, nos clients, nos fournisseurs, notre communauté et l’environnement.

L’industrie de la distillation représente une partie importante de l’économie d’Islay, avec le tourisme, l’agriculture et la pêche. Ce graphique de scotlandscensus.gov.uk, qui s’appuie sur les données du recensement de 2011, permet de comparer le marché du travail à Islay avec celui du reste du pays.

À titre de comparaison, Islay Crab Exports est une entreprise au capital de plusieurs millions de livres sterling qui emploie dix personnes sur l’île et pourrait en employer dix de plus. Elle compte quatre chauffeurs sur le continent ainsi que 40 employés sur ses bateaux de pêche, tous rémunérés par l’entreprise, mais qui ne vivent pas forcément à Islay. Le Machrie Hotel and Golf Links, plus grand hôtel d’Islay, emploie 61 personnes localement.

Si l’on compare maintenant l’équipe locale de 81 employés qui travaillent à Bruichladdich avec les autres distilleries : Ardbeg produit la même quantité de whisky et emploie 30 personnes à Islay ; Laphroaig produit trois fois plus, avec 33 employés locaux. Kilchoman emploie 41 personnes pour produire moitié moins de whisky que ce que fait Bruichladdich. Quant à la plus récente des distilleries de l’île, Ardnahoe, 26 personnes y travaillent. En tant que troisième plus petite distillerie de l’île en volume de production, actuellement un million de litres par an, Bruichladdich emploie proportionnellement plus de personnes. C’est un choix délibéré de notre part. Si nos effectifs sont plus importants, c’est parce que nous avons choisi de tout concentrer ici même, sur l’île, du stockage jusqu’à la mise en bouteille, en passant par la chaîne d’approvisionnement et les autres fonctions non liées à la production, y compris une partie de nos équipes digitales et de design.

Notre équipe lors de la journée portes ouvertes, mai 2022

Dans nos entrepôts, ce sont onze personnes qui s’occupent de nos plus de 86 000 fûts, plus encore quelques-unes en coulisses qui tiennent le compte de nos stocks et d’où ils se trouvent.

La chaîne de mise en bouteille occupe 23 personnes à plein temps. En 2003, nous avions neuf employés permanents à l’embouteillage. À l’époque, le procédé était moins automatisé qu’aujourd’hui, puisque les bouchons et les étiquettes étaient mis manuellement, mais nous embouteillions moins de volume.

Nous avons également besoin de toute une administration pour gérer la distillerie et la boutique, et s’occuper des clients et des employés, ainsi que d’équipes chargées de produire des contenus pour nos réseaux sociaux et des éléments de design pour nos actions marketing. Lors d’un comptage récent, 38 de nos 63 postes administratifs étaient basés ici, à la distillerie.

D’après le dernier recensement national de 2011, la région d’Argyll et Bute, à laquelle Islay appartient, avait la plus faible densité de population des 32 autorités locales (« local authority areas ») d’Écosse. Les 17 % de la population d’Argyll et Bute se répartissent sur ses 23 îles habitées. En 2011, il y avait 3 228 habitants à Islay, soit 7 % de moins qu’en 2001 et 2,3 % de moins qu’en 1991. Ces deux mêmes décennies (de 1991 à 2011), les effectifs de Bruichladdich ont plus que doublé par deux fois, pour être 532 % plus importants qu’en 2001. Créer non pas de simples emplois, mais de réelles opportunités de carrière, pourrait-il contribuer à retenir les talents sur l’île ? Nous sommes impatients de découvrir les résultats du prochain recensement pour le savoir.

Sur ces 29 personnes, treize sont nées à Islay et plus de la moitié (sept) ont quitté l’île à un moment ou à un autre pour le travail ou pour les études. Une seule a affirmé que c’est un emploi chez Bruichladdich qui l’a poussée à revenir.

Sur cette photo de groupe sont représentés, de gauche à droite : L-R Jonathan Carmichael (Expert en malts), David MacLellan (Production), Peter MacDermid (Expert en malts), Jim McEwan (Maître distillateur), John Rennie (Manutentionnaire), Allan MacMillan (Manutentionnaire), Allan Logan (Production), Ella Edgar (PA), Chrissie Angus (Responsable de la boutique et des visites), Neil MacTaggart (Distillateur) Duncan MacGillivray (Distillerie manager).

Avec une population si réduite, pas étonnant que les habitants aient l’impression de former une famille et soient si soudés. Chez Bruichladdich, ce sens de la communauté est plus que bienvenu : il est cultivé, encouragé, planifié et mesuré. Nous voulons vraiment que nos « Laddies » se sentent bien et puissent s’épanouir et évoluer en toute confiance.

Environ un quart de nos employés ont quitté l’île par le passé, avant d’y revenir. En 2021, vingt ans après la résurrection de notre distillerie, nous avons réalisé un petit sondage auprès de nos employés sur site afin d’en savoir un peu plus. Les 29 personnes qui se sont prêtées au jeu, qui avaient très bien pu travailler chez nous quelques décennies ou seulement quelques mois, nous ont aidés à dresser un instantané de la situation.

Sur ces 29 personnes, treize sont nées à Islay et plus de la moitié (sept) ont quitté l’île à un moment ou à un autre pour le travail ou pour les études. Une seule a affirmé que c’est un emploi chez Bruichladdich qui l’a poussée à revenir.

Sur les seize employés non natifs d’Islay, aucun n’a affirmé être venu sur l’île uniquement pour travailler chez nous, mais certains ont été attirés par des opportunités d’emploi qui leur étaient inaccessibles sur le continent ou à l’étranger.

Vingt-et-un des 29 sondés, soit 72 %, ont indiqué avoir changé de poste depuis qu’ils ont rejoint Bruichladdich : d’employé à la chaîne d’embouteillage à employé aux entrepôts, de travailleur saisonnier à la boutique à ambassadeur de la distillerie... Bruichladdich est propice aux évolutions de carrière. D’après les chiffres récents d’un audit réalisé par le département des RH, 27 % de nos effectifs sont montés en compétences et en responsabilités et ont changé de niveau de poste, 43 % ont été promus et 26 % de ces promotions ont concerné des postes de direction.

J’aimerais toujours mieux faire…

Ashley MacGregor, guide touristique chevronnée et ambassadrice de la distillerie

Comme l’explique Ashley MacGregor, guide touristique chevronnée et ambassadrice de la distillerie : « C’est clairement plus une carrière qu’un travail. Il y a des opportunités de progression. » Elle affirme que ses collègues, parmi lesquels Allan Logan, qui est aujourd’hui notre directeur de production, la motivent à aller de l’avant. Celui-ci a rejoint la distillerie à sa réouverture, en 2001. Totalement novice à l’époque (auparavant, il travaillait dans le secteur du bâtiment), il était devenu directeur de la distillerie à 29 ans.

C’est avec un large sourire qu’Ashley accueille les visiteurs au comptoir The Botanist de notre boutique. Née à Islay, elle n’a jamais quitté l’île et admet que cet emploi lui a permis de faire sa vie ici, chose qui ne lui aurait pas été possible il y a encore 20 ans.

Lorsque son premier emploi temporaire de guide saisonnière à la distillerie a pris fin, un poste permanent s’est libéré. Elle l’a accepté et n’a jamais regretté ce choix. Six ans plus tard, elle a évolué jusqu’à son poste actuel et affirme que travailler ici lui a permis de se développer. « J’aimerais pouvoir voyager avec l’entreprise », dit-elle « et toujours mieux faire. »

Il n’y a pas un seul poste à la distillerie que je n’aie pas occupé

Adam Hannett, maître distillateur

Adam Hannett a grandi à Islay. Il est ensuite parti étudier la biologie marine à Aberdeen, mais est revenu sur l’île avant la fin de son cursus. Il nous raconte que quand il était enfant, dans les années 1980, les distilleries étaient des lieux secrets et mystérieux et l’on ignorait tout de ce qui se passait derrière leurs portes. Aujourd’hui, la transparence est le maître-mot et fait même partie de notre certification B Corp.

Adam a débuté en tant que guide touristique, en 2004, et a travaillé dans la boutique. C’est là que, tombé amoureux du whisky, il s’est passionné pour sa fabrication. Le reste fait désormais partie de l’histoire. Il est maintenant notre maître distillateur, responsable de la conception de chacune des gouttes de spiritueux que nous produisons. « Il n’y a pas un seul poste à la distillerie que je n’aie pas occupé », dit-il.

Notre virtuose du brassage et des alambics Graham Kirk a eu un parcours assez semblable : « J’ai commencé à la mise en bouteille, et me voici ici aujourd’hui. »

J’ai eu la chance d’avoir des gens qui ont veillé sur moi

Murray Campbell, responsable de marque Malts

Outre des opportunités pour qui souhaite rester à Islay et y faire carrière, la distillerie Bruichladdich exporte aussi ses talents dans le reste du monde. Nos ambassadeurs de marque sillonnent la planète, en gardant toujours leurs racines fermement plantées dans le sol qui les a vus naître. Murray Campbell, qui a porté notre voix en Asie-Pacifique, a de forts liens familiaux avec la distillerie. Sa mère est née et a grandi dans le village de Bruichladdich, tandis que son oncle, le regretté Duncan McGillivray, a autrefois été notre directeur général.

« J’ai eu la chance d’avoir des gens qui ont veillé sur moi et qui m’ont fait connaître des opportunités. » Il poursuit : « Il faut bien sûr être au bon endroit au bon moment, mais la distillerie Bruichladdich joue aussi un grand rôle : s’ils savent que quelqu’un recherche un emploi en particulier ou souhaite évoluer, ils font tout pour l’y aider. »

Même si Bruichladdich est la seule distillerie où Murray ait occupé un poste, il affirme que celui-ci lui a permis de travailler dans le monde entier puis de revenir en Écosse, chose qu’il n’aurait jamais imaginé faire.

Une communauté dans la communauté

Si la distillerie n’existait pas, les gens quitteraient-ils Islay ? Certains y seraient peut-être contraints. D’autres diraient qu’il y a plein d’autres emplois sur l’île. Peut-être. Cependant, rares sont les entreprises aussi diversifiées que Bruichladdich, avec sa famille d’employés couvrant plusieurs générations et sa variété de rôles, allant des fonctions opérationnelles à l’administratif.

Quand la distillerie a été mise à l’arrêt, en 1994, seuls deux hommes ont été gardés pour l’entretien du bâtiment et la surveillance des stocks. Quand elle a rouvert, en 2001, ce nombre est passé à 19 employés. Dix ans plus tard, en 2011, ils étaient 44 et vingt ans plus tard, en 2021, 101. Au moment de la publication de cet article, en décembre 2022, la distillerie emploie xxx personnes.

D’antan, il y a fort longtemps, l’intégralité de la fabrication avait lieu sur l’île. La cour était équipée de fours (« kilns ») et les sacs de grains étaient acheminés le long de passerelles en planches depuis les cuves de trempage ou hissés jusqu’aux greniers à malt. Tout le monde sait à présent que nous projetons de construire une nouvelle malterie sur notre site. Que nous n’utilisons pas d’ordinateurs pour faire ce dont une personne expérimentée peut tout à fait s’acquitter. Et que bien que nous ayons été qualifiés d’innovateurs, nous sommes restés assez vieux jeu à certains égards.

Nous n’avons pas peur d’admettre qu’Islay est l’élément central de toute notre réflexion, de tout ce que nous faisons, et de ce que nous nous refusons à faire. Comme l’explique notre PDG Douglas Taylor : « Nous voulons créer de la prospérité à Islay, et c’est exactement ce dans quoi nous investissons ». Nous pourrions parfois procéder autrement, plus efficacement et pour moins cher, mais pour nous, le profit doit aller de pair avec le bien des personnes et de la planète. C’est pour cela que le système de parrainage de B Corp nous correspond si bien. »

Tant que nos clients nous suivront, nos employés ainsi que l’ensemble de l’écosystème qui entoure Bruichladdich, entreprise aux racines bien ancrées dans l’île, continueront de s’épanouir.